Vous avez peut-être lu que trois banques américaines ont fait faillite en mars. Vous vous demandez peut-être si quelque chose du genre pourrait se produire au Canada.

Des manchettes du genre ont de quoi faire peur. La Silicon Valley Bank (SVB) est la 16e en importance aux États-Unis. Lorsque des banques de cette taille s’effondrent, les marchés tendent à être nerveux. Les organismes de réglementation des États-Unis font ce qu’il faut pour que les déposants récupèrent leur argent. Les banques et prêteurs américains de taille moyenne (comme l’était SVB) en souffrent. Leurs actions demeurent volatils.

N'oubliez pas que les marchés montent et descendent. C’est ce qu’on appelle la volatilité des marchés. Et pourtant, vaut mieux garder le cap sur un plan à long terme. Même si cela signifie ne pas trop s’attarder aux soubresauts actuels.

Une ruée bancaire classique

Pour la Silicon Valley Bank (SVB), c’est une ruée (ou panique) bancaire qui est à l’origine de son effondrement. Une panique bancaire se produit lorsque la plupart des déposants perdent confiance en un établissement. Ils demandent tous à retirer leur argent en même temps. Une banque typique n’a pas la capacité de rendre d’un seul coup la majorité des dépôts qu’elle détient. Pourtant, une bonne partie de l’argent des clients est prêtée à ceux qui contractent des prêts. Ou la banque l’a investi dans des instruments financiers qui n’ont pas atteint leur date d’échéance.

La SVB avait des placements en obligations à long terme qui perdaient de la valeur. Quand certains épargnants l’ont su, ils ont voulu ravoir leur argent. D’autres déposants ont emboîté le pas et la banque a manqué d’argent. Elle a fait faillite, car elle n’arrivait pas à honorer tous les retraits.

Ce que cela signifie pour le Canada

Les banques canadiennes ne sont pas exposées aux secteurs à risque que les banques américaines. Ces derniers mises beaucoup sur les nouvelles technologies et les entreprises en démarrage (start-up). Les problèmes du secteur bancaire pourraient affecter les prêts pour les particuliers et les entreprises. En effet, les conditions générales d’emprunt aux États-Unis pourraient se détériorer. Si c’est le cas, il est probable que le Canada en souffre aussi.

Les marchés canadiens ont chuté durant la dernière semaine à cause de la volatilité qui sévit aux États-Unis. Notre scénario de base ne prévoit pas que les paniques bancaires aux États-Unis deviennent un problème systémique. Le gouvernement américain est intervenu rapidement pour éviter la dégradation.

Si vous êtes un investisseur canadien détenant des titres américains, nous vous conseillons de rester calmes.

Nous envisageons le potentiel de faillite des petites banques aux bilans inquiétants. Peu de banques ont pris autant de risques que la SVB et les autres banques en faillite. De plus, les marchés ont immédiatement pris en compte ces incidents.

Incident isolé ou risque systémique?

Les faillites bancaires font peur et entraînent de l’instabilité. Une première débâcle peut engendrer de la panique qui peut provoquer d’autres faillites de banques parfaitement solvables. Il est payant de résoudre le problème de panique bancaire tôt. C’est pourquoi la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) des États-Unis est intervenue rapidement. Elle s’est engagée à protéger les dépôts assurés et non assurés dans les deux banques en faillite.

La faillite de la SVB est la plus importante débâcle bancaire depuis 2008. Ses clients sont majoritairement issus du secteur technologique. En soi, cela réduit les chances de vivre une crise de l’ampleur de 2008.

La SVB, première victime des taux élevés?

Depuis mars 2022, la Réserve fédérale américaine (la Fed) a augmenté ses taux d’intérêt de 450 points de base (ou 4,5%). C’est un des cycles d’augmentation le plus rapide de l’histoire du pays. Il semble que la SVB soit parmi les premières victimes de ce resserrement vigoureux. La plupart des titres à revenu fixe étaient performants lorsque les taux d’intérêt étaient faibles. La valeur des titres a cependant chuté avec la hausse rapide des taux. L’échec de la SVB a soulevé des préoccupations quant à la stabilité financière. La Fed devra réussir à lutter contre l’inflation sans nuire au système financier.

Dans l’avenir, le signal le plus fort pour le marché viendra de la Fed, fin mars. La faillite de la SVB pourrait possiblement calmer l’augmentation des taux. Les marchés y verraient un signe que les hausses rapides sont peut-être terminées. La Fed pourrait garder le cap sur la hausse des taux pour lutter contre l’inflation. Si c’est le cas, nous nous attendons à de la volatilité. Et pas seulement aux États-Unis – au Canada également.